Gaza, envoyé spécial.
La porte des larmes. Une succession de grilles, de portiques de sécurité, qui font ressembler ce point de passage obligé entre Israël et la bande de Gaza à l'entrée d'une prison de haute sécurité. Appuyées à la première grille, qui surgit à l'issue d'un long tunnel, violemment éclairé par des projecteurs, trois vieilles Palestiniennes sanglotent de fatigue. Cela fait dix heures qu'elles attendent le bon vouloir des soldats israéliens, planqués dans un fortin de l'autre côté. Elles ont leurs papiers en règle, des certificats médicaux israéliens prouvant qu'elles suivent un traitement dans un établissement hospitalier de Tel-Aviv. Les militaires n'en ont cure. Ni l'âge ni la santé des malheureuses ne les émeuvent. Ils les laisseront entrer dans quelques heures ou demain. Ou les bloqueront un long moment encore entre deux portiques. Cinq jours par semaine, Maria, une Palestinienne chrétienne de 70 ans, qui suit une chimiothérapie intensive contre le cancer, attend des heures. Parfois, raconte-t-elle en pleurant, les soldats la bloquent si longtemps qu'elle arrive trop tard à l'hôpital.
Humiliation. Le point de passage d'Erez n'a pas toujours été un tel calvaire pour les Palestiniens. C'est à la suite d'un attentat, il y a quelques mois, que les Israéliens ont mis en place ce nouveau système, qui permet aussi de limiter les entrées de visiteurs étrangers et d'isoler un peu plus Gaza. Omar, responsable local d'une ONG américaine, qui attend depuis six heures p