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Libération

Amma, joker du Premier ministre indien

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Candidate au Tamil Nadu, l'ex-star de cinéma pourrait permettre au BJP de rester au pouvoir.
publié le 10 mai 2004 à 0h33

Chennai (Madras), envoyé spécial.

En plein soleil, la foule attend depuis des heures. Sur les trottoirs, les balcons, les toits, chacun se presse pour avoir un bon point de vue. «Je ne peux pas rater ça, je dois absolument la voir», souffle une femme qui, ruisselante de sueur, tente désespérément de se faire une place au premier rang. Un rickshaw bardé d'affiches électorales passe enfin. «Amma arrive !» hurle le chauffeur. La foule frémit. On pousse, on hurle, on chante les slogans à la gloire de celle qui, ici, fait figure de déesse vivante. «Amma la révolutionnaire ! Amma la divine !» reprennent en choeur les partisans de Jayalalitha Jayaram, plus connue par son prénom ou son surnom, Amma («mère»), symptomatique de son attitude à l'égard des 60 millions de Tamouls qui peuplent l'Etat du Tamil Nadu, dans le sud-est de l'Inde.

Corruption. Depuis quinze ans chef d'un parti régional, le AIADMK, cette femme de 55 ans est revenue à la tête de l'Etat en 2001, après sept années d'une traversée du désert marquée par des accusations de corruption à n'en plus finir. Ancienne actrice de cinéma, Jayalalitha est en Inde une véritable légende, connue pour son autoritarisme, ses discours incendiaires et sa capacité à séduire les foules analphabètes, qui voient en elle l'héroïne qu'elle incarnait à l'écran. Pour son importance politique, aussi, puisque désormais aucun parti national ne peut prétendre au pouvoir sans le soutien de partis régionaux. «Avec 39 sièges au Parlement, le Tamil Nadu