Le Caire, de notre correspondante.
Certains jours, Dalia le porte fermement serré autour du visage. D'autres fois, elle le roule en turban joyeux, soigneusement assorti à sa tenue. Pour cette jeune diplômée de l'université du Caire, le voile est un choix. Mais parfois lourd de conséquences. «Mon rêve serait de travailler à la télévision, mais ils ne veulent pas de voilées, dit-elle avec amertume. L'Egypte est un pays islamique, qu'y a-t-il de choquant à être voilée pour présenter les infos ?» La télévision publique égyptienne a pourtant récemment créé le scandale en interdisant d'antenne trois présentatrices après qu'elles se sont voilées. Une règle tacite depuis toujours appliquée à la télévision. Sans s'exprimer spécifiquement sur le foulard, la direction a rappelé que les présentatrices étaient tenues de garder l'aspect qu'elles avaient au jour de leur embauche. Un argument loin de convaincre l'opinion publique, qui soutient leur contre-attaque judiciaire.
Cette polémique ravive en Egypte un débat qui ne s'est jamais vraiment tu depuis le scandale provoqué par les propos du cheikh Tantawi, l'imam de la mosquée d'Al-Azhar, principale autorité religieuse sunnite, lors d'une rencontre avec Nicolas Sarkozy en décembre dernier. Il avait alors légitimé la position du gouvernement français sur le voile à l'école, soulevant la rage des conservateurs qui lui avaient rétorqué que le voile était une obligation divine pour toutes les musulmanes. Le cas de la télévision égyptienne n'est