Sao Paulo de notre correspondante
Du jamais vu au Brésil depuis la fin de la dictature militaire, en 1985. Le gouvernement a décidé d'expulser Larry Rohter, correspondant du New York Times, qui a huit jours pour quitter le pays. Cela, en représailles à son article du 9 mai (Libération du 12 mai) relayant des rumeurs selon lesquelles le président Lula abuserait de l'alcool. «Un mensonge, une atteinte à l'honneur du chef de l'Etat et à l'image du pays», selon Brasilia.
«Exemple». La décision a été prise sur ordre exprès de Lula. Au Brésil et à l'étranger, les associations de journalistes ont condamné une atteinte à la liberté d'expression, indigne d'un gouvernement démocratique. L'Association des correspondants étrangers a renchéri, craignant qu'il s'agisse d'un «avertissement» aux journalistes tentés de critiquer le gouvernement. Lula ne l'a pas rassurée, en expliquant que la punition visait à «servir d'exemple». «La liberté d'expression ne peut pas servir de prétexte à la calomnie», a renchéri le porte-parole de la présidence de la République, Andre Singer.
L'expulsion de Larry Rohter, en tout cas, divise le gouvernement. Selon la Folha de São Paulo, le ministre de la Justice, Marcio Thomas Bastos, menace même de démissionner si elle n'est pas annulée. Pour la presse, le gouvernement a monté en épingle ce qui n'était qu'un fait divers.
C'est qu'à Brasilia, on semble croire à une conspiration de Washington. Du coup, le département d'Etat américain a précisé que l'article «ne refl