Tel-Aviv envoyé spécial
S'il avait pu, Ariel Sharon aurait été là, samedi soir, place Yitzhak-Rabin à Tel-Aviv. Mais, au fond, il aura été le triomphateur lointain de ce rassemblement de la gauche venue, comme «majorité» trop longtemps silencieuse et qui veut désormais «décider», proclamer : «Quittons Gaza. Commençons à parler.» Plus de 150 000 personnes sont venues de tout le pays pour se retrouver sur cette place que leur disputent les colons.
Et se rassurer : cette manifestation a fait mieux que celle des colons du 11 janvier. Elle a aussi réuni plus de monde que les 50 000 membres du Likoud qui, le 2 mai, ont rejeté le «plan d'évacuation unilatérale» de Gaza présenté par le Premier ministre. Certes, elle n'a pas fait aussi bien que la «mythique» manifestation de 1982, après le massacre de Sabra et Chatila, qui chassa Sharon du ministère de la Défense. Samedi soir, la gauche et le camp de la paix, les «gens raisonnables», ceux qui s'autodésignent comme le «bel Israël», étaient là pour lui dire, à mi-voix et sur certaines pancartes : «Sharon, nous sommes avec toi !»
Consensuel. Paradoxe d'une manifestation qui, si elle ne constitue pas encore un tournant, annonce cependant un frémissement certain. Pères et mères de soldats, qui se considèrent comme «pris en otages» et qui veulent «évacuer les colonies» par «choix de vie». Dire : «Mieux vaut 1 000 colons dehors qu'un soldat sous terre», alors que 13 soldats et 29 Palestiniens ont péri ce week-end à Gaza. Ou, comme les affiches