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Libération

«C'est Rumsfeld qui devrait passer en cour martiale»

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publié le 19 mai 2004 à 0h40

Hyndman, Pennsylvanie

envoyé spécial

Quelqu'un a garé la remorque d'un poids lourd devant la maison de bois, comme pour décourager les curieux. Sous le porche, des rubans jaunes flottent au vent. A côté de la porte, un dessin d'enfant a été accroché. Un drapeau américain aux couleurs pastel, avec ces quelques mots : «We love Jeremy.» La voiture est là, mais personne ne répond chez les Sivits. La semaine dernière, le père, un militaire de carrière, a dit ce qu'il avait à dire : «Mon fils a agi parce qu'on lui a donné des ordres.» Et puis il a fait savoir qu'«on [lui] a demandé de [se] taire». Alors il ne parle plus.

A Bagdad doit s'ouvrir aujourd'hui le procès de Jeremy Sivits. Première cour martiale pour l'un des sept soldats inculpés pour les sévices perpétrés à la désormais tristement célèbre prison d'Abou Gharib. Et à Hyndman, où le militaire de 24 ans a vu le jour, c'est comme si la ville s'était repliée sur elle-même. Parmi les quelque mille habitants rassemblés dans cette bourgade à flanc de colline, au sud-ouest de la Pennsylvanie, nombreux sont ceux qui gardent leurs sentiments pour eux. «Il faut comprendre, s'excuse le révérend Steven Craft, de la First United Church of Christ, il y a quelques semaines, des gamins ont tué un chien. Alors on a une mauvaise presse. Et maintenant, on a cette affaire sur le dos. Les gens ne veulent pas que Hyndman ait une image négative. On est un village sans histoire. Mais ce que vous pouvez dire, c'est que l'on soutient tous Jeremy et s