L'ordre règne, en tout cas en apparence, à N'Djamena. Mais l'alerte a été plus chaude que les autorités tchadiennes ont bien voulu le reconnaître. Dans la nuit de dimanche à lundi, des éléments de l'armée tchadienne se sont mutinés dans la capitale, faisant planer la menace d'un coup d'Etat durant quelques heures. Selon un responsable gouvernemental, le mouvement aurait été rapidement maté, sans violence.
Si l'on en croit la version officielle, ces événements seraient liés à une «opération mains propres» lancée par le président Idriss Déby à la suite d'une inspection-surprise dans les casernes. Le chef de l'Etat a décidé de sanctionner plusieurs officiers touchant les soldes de militaires inconnus au bataillon.
Et pour cause : ces derniers combattraient actuellement au Darfour, une région de l'ouest du Soudan, à la frontière avec le Tchad. Depuis plus d'un an, les autorités de Khartoum, relayées sur place par des milices arabes, tentent d'écraser dans le sang deux mouvements rebelles locaux. Cette guerre, qui vise avant tout les civils, aurait fait 10 000 morts et plus de 1 million de déplacés, dont 100 000 réfugiés au Tchad. Présente de part et d'autre de la frontière, l'ethnie des Zaghawas est particulièrement visée par les exactions. Idriss Déby lui-même est un Zaghawa et sa prise de pouvoir discrètement aidée par les Français a débuté à la fin des années 80... au Darfour. Logiquement, il a placé les siens au sommet de l'état-major tchadien. Ce sont ces officiers qui au