«La vraie question est de savoir si, en Afrique, aujourd'hui, il est possible de faire l'économie d'une guerre civile.» Ce constat désabusé émane d'un diplomate français, alarmé par la détérioration sensible de la situation politique en Côte-d'Ivoire. Signe du pessimisme ambiant : le ministère de la Défense a récemment nommé le patron des Forces spéciales françaises (COS), le général Henri Poncet, à la tête du dispositif militaire «Licorne» en Côte-d'Ivoire. Cet officier, qui avait dirigé l'exfiltration des ressortissants français au début du génocide au Rwanda (opération «Amaryllis»), doit succéder, début juin, au général Pierre-Michel Joanna.
Depuis le 25 mars, date d'une manifestation de l'opposition au président Gbagbo violemment réprimée par les forces de l'ordre à Abidjan, puis suivie, selon un rapport de l'ONU, d'une série d'exactions contre des civils commises sous la responsabilité «des plus hautes autorités de l'Etat», la «drôle de paix» en vigueur depuis la signature des accords de Marcoussis (janvier 2003) n'a jamais paru aussi menacée.
Boycottage. Mardi soir, Laurent Gbagbo a annoncé, dans une allocution télévisée, avoir remis au chef du gouvernement, Seydou Diarra, une liste de ministres à limoger sans délai. Le chef de l'Etat leur reproche de boycotter les réunions du cabinet depuis le 25 mars, tout en continuant à toucher leurs salaires. «Le montant de ces émoluments sera reversé intégralement aux victimes de la guerre», a-t-il précisé.
Le chef de file des Force