Lilongwe, envoyée spéciale.
En février 2003, Thengo Maloya a été l'une des premières personnalités publiques du Malawi à révéler que trois de ses enfants étaient morts du sida. «On perd tous les jours des membres de sa famille, mais c'est la même chose dans le service public, dans l'armée, dans les ministères. On ne peut plus se permettre de faire comme si rien ne se passait. Il faut publiquement dire que cette maladie tue», explique ce ministre chargé de la Planification.
Au Malawi, l'un des pays les plus pauvres au monde (50 % du budget de l'Etat dépend de l'aide internationale), plus de 14 % de la population est séropositive. Chaque année, plus de 80 000 personnes meurent du sida, et le nombre d'orphelins est estimé à plus de 800 000. Malgré l'ampleur de la pandémie, celle-ci reste encore largement taboue dans une société toujours étroitement contrôlée par l'Eglise.
Briser le silence. Les déclarations courageuses de Thengo Maloya ont cependant ouvert la voie à d'autres membres du gouvernement. Le président sortant, Bakili Muluzi, qui ne se représente pas lors des élections générales d'aujourd'hui, a récemment annoncé à la radio que son frère était mort du sida. Brown Mpinganjira, leader du parti d'opposition NDA, lui a emboîté le pas en révélant que six de ses frères et soeurs étaient décédés... Une attitude qui jure avec celle adoptée dans la plupart des autres pays d'Afrique australe, la région du monde le plus touchée par le VIH, même si les gouvernants du Botswana s'effo