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Libération
Portrait

Felipe, l'héritier coincé

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Formé dans les meilleures écoles, le prince doit aussi se faire aimer autant que son père.
publié le 22 mai 2004 à 0h44

Yeux bleus, 1,97 mètre, 36 ans. Profession : héritier. Une tâche difficile. Malgré les apparences de la popularité, la monarchie espagnole reste fragile. Elle a déjà dû abdiquer deux fois, en 1 873 et en 1931. La gauche, soit la moitié du pays, continue à puiser ses références dans l'expérience républicaine de 1931. L'actuel monarque, Juan Carlos, a été désigné par Franco... mais doit sa popularité à son rôle actif dans la transition démocratique. Bref, l'héritier de la Couronne a, depuis sa naissance, un métier compliqué en perspective : réinstaller et pérenniser une dynastie. Il a donc été programmé pour cela. Et son mariage fait partie du programme.

Pas de politique. Egaler, voire surpasser, son père ne sera pas une mince affaire quand celui-ci est entré dans l'Histoire. D'abord, ne pas faire de politique, mais être capable de réagir vite et bien à la moindre crise institutionnelle ; on est certes loin du temps des tentatives de coup d'Etat, comme celle du 23 février 1981 quand Juan Carlos a dépoussiéré son uniforme de chef des armées et démontré sa conviction démocratique. Mais l'Espagne, tiraillée par des nationalismes périphériques, n'est pas à l'abri d'une crise constitutionnelle. Deuxième objectif du prince : paraître moderne, être en phase avec la société ­ on ne dit plus les «sujets». Son père lui en a donné l'ordre : «Une monarchie ne s'enracine pas dans le coeur d'un pays du jour au lendemain. J'espère que don Felipe se fera aimer des Espagnols au