Bagdad, envoyé spécial.
La disgrâce d'Ahmed Chalabi, celui que beaucoup d'Irakiens ont surnommé «le chien fidèle» des Américains, en réjouit plus d'un à Bagdad. «C'est l'homme le plus détesté de tout l'Irak... L'un des plus grands cireurs de pompes [du président] George Bush», lance un habitant chiite de la capitale. Le richissime homme d'affaires chiite, qui dirige un parti appelé le Congrès national irakien (CNI), était jusqu'à l'an dernier considéré par la Maison Blanche comme l'une des personnalités les plus à même de diriger l'Irak de l'après-Saddam.
Perquisitions. Il y a encore quatre mois, Chalabi était l'invité de la First Lady, Laura Bush, à la cérémonie du discours sur l'état de l'Union et dans les petits papiers du Pentagone, qui versait 340 000 dollars par mois à son parti contre des renseignements divers. Mais, mercredi, des responsables américains ont fait savoir que le CNI n'était plus financé par Washington, et le lendemain des GI, accompagnés de policiers irakiens, ont perquisitionné sa résidence et les locaux de son parti à Bagdad, emportant des ordinateurs et des dossiers. Il s'agit officiellement d'enquêter sur des cas de «corruption» au sein du CNI. Pour finir, vendredi, des leaders américains anonymes cités par la chaîne CBS ont accusé Chalabi d'avoir passé à l'Iran des informations secret-défense «de nature à mettre la vie d'Américains en danger».
La résidence de Chalabi appartenait jusqu'à la chute de Saddam Hussein au chef de la police secrète du régime