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Libération
Interview

«Kirchner est très attentif à l'opinion»

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publié le 25 mai 2004 à 0h46

Buenos Aires de notre correspondant

Isidoro Cheresky est politologue et sociologue à l'UBA (université de Buenos Aires), spécialisé dans l'étude des phénomènes électoraux et des mobilisations populaires en Argentine. Il analyse l'année de présidence de Nestor Kirchner, qui prenait ses fonctions le 25 mai 2003.

Quel bilan dressez-vous de la première année de pouvoir de Nestor Kirchner ?

Kirchner est arrivé à la présidence par accident (1), donc mal préparé, avec une faible légitimité et surtout marqué à la culotte par le péronisme traditionnel. Et finalement, on a vu apparaître une volonté politique qui a redonné confiance à la population. Dans une première période, il a fait ce que personne n'imaginait possible en Argentine : s'attaquer à la corruption, aux privilèges... Nestor Kirchner a été très habile en prenant de la distance par rapport aux partis et surtout en prenant la population à témoin. Avec cette première phase très offensive sur le règlement de la dette avec le FMI, sur la purge des forces armées et l'épuration de la Cour suprême, le gouvernement s'est attaqué aux maux les plus symboliques de l'Argentine. Cette période d'exception lui a permis de rétablir l'autorité politique présidentielle. Mais aujourd'hui, Nestor Kirchner manque de réponses pour les problèmes actuels et surtout futurs des Argentins. Il a sous-estimé, par exemple, les problèmes d'insécurité du pays. C'est que son équipe n'était pas préparée et que son égocentrisme est extrême. C'est quelqu'un qui