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Droit au retour : les Inuits de Thulé en appellent à Strasbourg

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publié le 26 mai 2004 à 0h46

Copenhague correspondance

Exilés de force il y a plus de cinquante ans, les Inuits de Thulé remettent leur sort entre les mains des juges de Strasbourg. Ce peuple premier, le plus septentrional au monde, a déposé une plainte hier contre le Danemark, devant la Cour européenne des droits de l'homme, pour réclamer la restitution de ses terres ancestrales, au nord-ouest du Groenland. «Il s'agit de la survie d'une communauté proche de l'extinction, car 80 % de ses membres sont au chômage et vivent aujourd'hui de l'assistance publique», a déclaré l'avocat des quelque 500 plaignants, demandant «le retour légitime» de ses clients sur leurs terres, «les seules au nord du Groenland où l'on peut vivre des ressources qui s'y trouvent».

Base militaire. En mai 1953, les autorités danoises avaient donné quatre jours aux 187 âmes de cette petite communauté pour quitter la région. Le vaste territoire de 3 000 km2 qui assurait, depuis des millénaires, la subsistance de ce peuple de chasseurs était réquisitionné pour agrandir la base militaire américaine, installée à Thulé en 1951. La petite tribu dut s'exiler à Qaanaaq, à 150 km plus au nord.

La plainte déposée hier est l'ultime étape du combat d'Uusaqqak Qujaukitsoq, âgé de 5 ans lors de ce drame qui a bouleversé son enfance. En 1996, il fonde Hingitaq 53 (les exilés de 53), une association rassemblant les victimes de l'exil forcé et leurs descendants, soit près de 500 personnes. Epaulé par la Conférence circumpolaire inuit, Hingitaq 53 attaque