Dans une lettre datée du 21 mai, le juge Patrick Ramaël avait solennellement demandé au procureur d'Abidjan d'intervenir pour permettre l'audition de plusieurs personnalités de l'entourage du président Laurent Gbagbo citées dans l'enquête sur la disparition de Guy-André Kieffer. La réponse ne s'est pas fait attendre : hier, la police d'Abidjan a placé en garde à vue «pour dénonciation calomnieuse», indique à Paris une source judiciaire, l'homme qui avait évoqué devant le magistrat français les noms de ces responsables, Michel Legré (Libération d'hier).
Le 16 avril, le journaliste franco-canadien s'est volatilisé alors qu'il avait rendez-vous dans un centre commercial du centre d'Abidjan avec ce même Michel Legré, par ailleurs beau-frère de Simone Gbagbo, l'épouse du Président. De l'avis général, les chances de retrouver vivant l'ancien correspondant de la Tribune sont désormais quasi nulles. Ces derniers mois, Kieffer avait multiplié les «scoops» sur les malversations financières présumées du clan Gbagbo.
Rentré lundi dernier à Paris, le juge Patrick Ramaël avait convoqué en France Victor Nembelissini, figure de la finance à Abidjan, ainsi qu'Aubert Zohoré, directeur de cabinet du ministre de l'Economie, avec lequel Michel Legré était en contact permanent. Sans surprise, les deux hommes ne se sont pas présentés hier au palais de justice.
Dans ces conditions, l'enquête du magistrat français semble mort-née. Mais les dégâts politiques sont d'ores et déjà considérables pour les au