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Libération

«La nuit, j'étais battu chaque fois que je m'assoupissais»

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publié le 29 mai 2004 à 0h50

Gardez envoyée spéciale

Dans une ruelle tranquille d'un petit village tout proche de la ville de Gardez, à trois heures de Kaboul, vit Khawaja Sayed Nabi Siddiqi, officier de police de 47 ans. L'homme au regard triste et aux traits émaciés vit reclus dans sa maison. «Je ne vais au commissariat que pour toucher mon salaire, mon chef m'a retiré toute responsabilité, se lamente-t-il. Je suis sûr que c'est lui qui m'a dénoncé l'été dernier à l'armée américaine comme étant de mèche avec les talibans. Il arrête les gens sans raison pour leur extorquer de l'argent. Je n'étais pas d'accord avec ses pratiques, alors il s'est vengé.» Depuis leur camp de Gardez, les soldats américains tentent de venir à bout des «étudiants en religion», encore très actifs dans cette province du sud-est afghan. La délation va parfois bon train pour régler des comptes personnels. «Mon chef m'a appelé un matin au commissariat et j'ai ensuite été emmené sur la base américaine», raconte Siddiqi. Le policier ne sait pas alors qu'il va rester trois semaines dans ce camp. Assis sur des coussins dans son salon, il livre son témoignage.

Morts. L'armée américaine a annoncé avoir ouvert une enquête sur les mauvais traitements que l'ancien prisonnier a dénoncés. Depuis, un haut responsable, le général Charles Jacoby, a même été chargé de réaliser un rapport sur les prisons gérées par les Etats-Unis en Afghanistan, soit une vingtaine de centres où se trouvent 350 prisonniers. Trois détenus au moins y ont déjà trouvé l