Bagdad, envoyé spécial.
Les Bagdadis, qui avaient accueilli avec un certain cynisme, ce week-end, la désignation du Premier ministre du gouvernement intérimaire, Iyad Allaoui (Libération du 31 mai), un pro-Américain, voyaient relativement d'un bon oeil la nomination, hier, du cheikh tribal Ghazi al-Yaouar au poste de premier Président de l'ère post-Saddam Hussein. Cette nouvelle autorité gouvernementale, supposée «souveraine», doit remplacer le 30 juin l'administration américaine et le Conseil de gouvernement intérimaire (CIG) ainsi que préparer des élections, prévues pour janvier 2005.
Peu après l'annonce de la nomination du Président, qui a fait l'objet d'âpres débats entre l'administrateur américain Paul Bremer, le représentant de l'ONU Lakhdar Brahimi, et les membres du Conseil de gouvernement, Iyad Allaoui a décliné la liste de ses 26 ministres à la télévision. Il a pris le soin de «remercier» la coalition pour ses «sacrifices» en Irak. Le nouveau Président, tenant sans doute à se démarquer de l'occupant américain, n'a, quant à lui, évoqué aucune personnalité de la coalition dans son allocution.
Dure bataille. Beaucoup d'Irakiens soulignent comme une petite victoire le fait que les membres du CIG pourtant désigné à l'origine par Washington aient «contraint les Etats-Unis à accepter» leur candidat à la présidence. «Le CIG a mené une dure bataille contre les Américains et Lakhdar Brahimi qui voulaient nous imposer Adnane Pachachi», un sunnite de 81 ans, raconte Mahmoud O