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Libération
Reportage

La chute de Bukavu menace la fragile paix congolaise

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publié le 3 juin 2004 à 0h53

Bukavu, envoyé spécial.

En ville, les nerfs sont à vif. Depuis le début des combats, la semaine dernière, entre un groupe de soldats dissidents et l'armée régulière congolaise, la population de Bukavu, une ville de l'extrême est du Congo-Kinshasa, est sur le qui-vive. Un rien suffit à enflammer les habitants, plus que jamais coupés en deux entre les Banyamulenge, l'ethnie des soldats dissidents, et les autres. Allongée sur son lit de l'hôpital général, la jambe droite très abîmée par une blessure par balle, Denise Mugisho en sait quelque chose. «Dans la rue, on a été pris dans les tirs croisés, deux enfants ont été tués à côté de moi», raconte cette jeune femme de 25 ans. Denise, une Banyamulenge, a eu de la chance : un soldat l'a transportée à l'hôpital. Mais, depuis, la tension n'est pas retombée. Dans cet établissement colonial vétuste, les médecins ont dû séparer les blessés selon leur ethnie pour éviter que le conflit ne dégénère dans les couloirs. Et Denise est sur le point d'être évacuée vers le Rwanda voisin, car sa sécurité n'est plus garantie.

Exactions. C'est justement vers le Rwanda que près de 2 000 civils banyamulenge ont pris la fuite dès le début des combats, marchant vers la frontière avec des cantines, des matelas ou des baluchons sur la tête. D'une même voix, ils accusent : «C'est fou ici, ils tuent seulement en regardant le faciès, il y a eu beaucoup de morts», lance une dame qui est revenue chercher quelques affaires, le temps d'une accalmie. Les rumeurs d