Cris d'alerte des organisations non gouvernementales, émoi de l'ONU, inquiétudes des chancelleries internationales, la guerre civile qui ravage le Darfour, immense région de l'Ouest soudanais, émerge de son oubli. Avec des chiffres désormais spectaculaires. Le conflit qui oppose le régime de Khartoum et les rebelles de cette terre des Fours a déjà fait 10 000 morts depuis le début 2003. Plus d'un million de personnes seraient déplacées et l'on dénombre 150 000 réfugiés au-delà de la frontière tchadienne. Mais hier, le pronostic s'est assombri considérablement : à l'issue d'une réunion des 27 pays donateurs qui tentent d'organiser une aide humanitaire en faveur du Darfour, leurs représentants ont indiqué qu'ils redoutaient de façon presque inéluctable la mort de 300 000 personnes, même si le déblocage des fonds et l'acheminement de denrées parviennent à s'effectuer rapidement. Si, au contraire, l'aide internationale ne parvient pas dans des délais rapides, «le bilan au Darfour pourrait être beaucoup plus lourd, de l'ordre d'un million de personnes», a indiqué Andrew Natsios, le patron de l'USAid, l'agence américaine pour le développement.
Réunis à Genève, Américains, Européens et ONU ont par ailleurs une fois de plus demandé au Soudan de désarmer les milices arabes progouvernementales, responsables «de la plus violente et la plus cruelle des conduites humaines», selon le directeur du Programme alimentaire mondial, James Morris. Au total, les fonds de l'aide internationale