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Libération

«Nous ne voulons pas oublier»

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Les figures symboliques du Printemps de Pékin ont été écartées par la police.
publié le 4 juin 2004 à 0h55

Pékin, de notre correspondant.

Quinze ans après, la chape de plomb est toujours en place. Les Chinois n'ont pas le droit de commémorer l'écrasement du mouvement démocratique de la place Tiananmen, dans la nuit du 3 au 4 juin. Pas même le travail de mémoire : toute référence au massacre est occultée, au point que les moins de 30 ans savent à peine ce qui s'est passé ce jour-là, et ne connaissent pas la photo de l'homme qui a stoppé le char, l'une des images symboles du XXe siècle.

Pression. Figure emblématique de cette commémoration impossible, Ding Zilin, la «mère de Tiananmen», qui a créé un comité de parents de victimes du 4 juin 1989, a été placée en résidence surveillée comme bon nombre d'activistes. Mais l'organisation Human Rights in China, basée à New York, a rendu public un message de ces mères qui affirme : «Nous ne pouvons pas oublier.» Elles appellent les Chinois et le reste du monde à faire pression sur Pékin pour rendre des comptes et procéder à de «vraies réformes». Comme chaque année, la voix de Ding Zilin résonnera ce soir à Hongkong, seul lieu de la République populaire où peut se dérouler librement une commémoration.

Autre personnage symbolique, le Dr Jiang Yanyong, ce médecin militaire de 72 ans à la retraite qui avait révélé l'épidémie de Sras à Pékin l'an dernier, et qui, il y a trois mois, a vainement demandé dans une lettre ouverte que le Parti communiste, dont il est membre, révise son jugement des événements de 1989, jugés «contre-révolutionnaires» à l'