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Libération

La fièvre antifrançaise monte à Abidjan

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publié le 10 juin 2004 à 0h59

Abidjan, envoyé spécial.

Avant d'accéder à la résidence de l'ambassadeur de France à Abidjan, attenante à celle du président Laurent Gbagbo, le visiteur doit montrer patte blanche aux forces de sécurité ivoiriennes. Jusqu'ici, rien de très surprenant, si ce n'est l'attitude affichée par les gendarmes en faction. «- Où allez-vous, Messieurs ? - Chez l'ambassadeur de France. ­ Et bien retournez-y en France !» Aujourd'hui, à Abidjan, le sentiment antifrançais serait donc si fort qu'il s'exprime jusque sous les fenêtres du représentant de l'ancienne puissance coloniale ?

Ce soir-là, comme quasiment tous les soirs, l'ambassadeur Gildas Le Lidec a dû prendre congé de ses invités pour rejoindre prestement le chef de l'Etat ivoirien. Ainsi va la vie diplomatique à Abidjan : le jour, les «jeunes patriotes» de Gbagbo s'en prennent verbalement ­ et parfois physiquement, comme en début de semaine ­ aux Français ; mais à la nuit tombée, le président sonde les intentions de la France jusqu'à plus d'heure. Pendant ce temps, son épouse, Simone Gbagbo, déverse sans compter sa bile antifrançaise dans les journaux qu'elle contrôle : il y a une semaine, la Première dame de Côte-d'Ivoire accusait la France d'être «complice des rebelles». Savante division des tâches qui ne trompe plus personne à Abidjan.

«Nous vivons des périodes de rémission de deux à trois mois, suivies par des périodes de fièvre antifrançaise de plus en plus virulente», se lamente un responsable de la communauté française à Abidj