Bogota, de notre correspondant.
Le géant américain de la banane, Chiquita Brands, l'a reconnu le mois dernier : sa filiale colombienne, Banadex, a acheté la protection d'escadrons armés, dont elle n'a cependant pas révélé le nom. La multinationale a semble-t-il avoué spontanément ce crime fédéral aux Etats-Unis, en constatant que le destinataire des fonds était inscrit sur la liste américaine des «groupes terroristes internationaux», qui comprend, en Colombie, deux organisations d'extrême gauche et une d'extrême droite. Le département de la Justice de Washington a depuis engagé une enquête.
Pour ne pas être la cible d'attentats, beaucoup d'entreprises versent un tribut secret aux groupes armés colombiens. Les factions marxisantes de l'Armée de libération nationale (ELN, 4 500 combattants) et des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, 17 500 hommes) sont spécialistes du racket. Mais, cette fois, plutôt que de céder au chantage, Banadex aurait recherché la protection de groupes d'extrême droite, via les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, 10 000 à 15 000 membres).
Les soupçons ne sont pas nouveaux : la filiale de Chiquita est déjà mouillée dans une affaire de trafic d'armes à destination des AUC. En novembre 2001, près de 3 000 kalachnikovs en provenance du Nicaragua ont transité par le petit port de Turbo, en face du Panama, et une enquête de l'Organisation des Etats américains rapporte que le chargement avait été débarqué par la filiale de Chiquit