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Libération

Bouteflika muselle la presse algérienne

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Le directeur du «Matin» condamné à deux ans de prison pour «infraction au contrôle des changes».
publié le 16 juin 2004 à 1h04

Abdelaziz Bouteflika est homme de parole. Avant son élection, le 8 avril, il avait promis de combattre les «mercenaires de la plume (comprendre journalistes) au nom de l'Etat et du peuple». Son premier règlement de comptes avec l'un d'entre eux est bestial. Mohamed Benchicou, le directeur du quotidien francophone le Matin, a été condamné, lundi, à deux ans de prison ferme par le tribunal d'El-Harrach, près d'Alger, où il comparaissait sur plainte du ministère des Finances pour «infraction au contrôle des changes». Officiellement, cette plainte fait suite à la découverte de bons de caisse dans ses bagages à l'aéroport d'Alger... en août 2003, ce que nie Benchicou en accusant le ministre de l'Intérieur d'avoir monté cette affaire, après la révélation par son journal d'un scandale l'impliquant. Du coup, la presse privée a beau jeu d'analyser ce jugement comme une «mise en garde». «Cet acte révoltant creuse le fossé qui sépare ce système mafieux de l'Algérie libre», tonne le Matin, tandis que Liberté dénonce un «avertissement du pouvoir» et qu'El-Watan dit tout haut ce que nul n'ignore. A savoir que cette histoire de bons de caisse «n'est qu'une façade pour frapper un journaliste très critique à l'égard du Président».

Mise en scène. Mohamed Benchicou apparaît comme la première victime expiatoire de la récente présidentielle. Et, plus précisément, de la formidable mise en scène élaborée par les généraux algériens pour accréditer le fait qu'il s'agissait, cette fois, d'un «scrutin