Madrid, de notre correspondant.
«C'est le moment ou jamais de solder la dette du pays envers les victimes du franquisme.» Cette confidence de Joan Puigcercos, porte-parole du parti indépendantiste catalan Esquerra Republicana de Catalunya (ERC, gauche républicaine) se fait l'écho d'un sentiment partagé par l'ensemble des formations nationalistes et de gauche présentes au Parlement : avec l'arrivée au pouvoir du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, vainqueur inattendu des législatives du 14 mars, la réparation morale et financière des victimes de la dictature (1936-1975) est désormais possible, après avoir été un tabou au cours des presque trois décennies de démocratie espagnole. Contrairement à son prédécesseur José Maria Aznar, réticent à «rouvrir les plaies du passé» et dont le Parti populaire (PP, droite) s'est bâti sur les cendres du franquisme, le nouveau Premier ministre est connu pour sa sensibilité sur cette question. Même s'il en fait rarement étalage en public, on sait que son grand-père a été fusillé par les franquistes au début de la guerre civile en 1936. «Jusqu'à présent, en Espagne, on a confondu amnistie et amnésie. Contrairement à l'Allemagne nazie, l'Afrique du Sud ou l'Argentine, le pays n'a pas fait son travail de catharsis», a dit récemment le député d'ERC, Joan Tarda.
«Régime odieux». Ces dernières semaines, à la Chambre des députés, les initiatives se multiplient pour arracher de l'oubli les méfaits d'une dictature qui, au nom de la transition démocr