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Libération

Jacek Kuron à bout de résistance

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La figure symbole de la lutte anticommuniste et de Solidarité est morte hier, à 70 ans.
publié le 18 juin 2004 à 1h06

Toujours en jean et chemise ouverte, la voix éraillée à force d'avoir fumé et bu des soirées entières, Jacek Kuron, décédé hier à Varsovie à l'âge de 70 ans, était l'une des figures les plus attachantes de l'épopée de Solidarité. Exclu du Parti communiste, fondateur du Kor, qui allait être le creuset de Solidarité, conseiller du syndicat puis ministre du Travail du premier gouvernement postcommuniste, il participa à toutes les étapes de l'aventure polonaise de la fin du XXe siècle. Malade depuis quelques années, il restait une référence et le symbole de cette «gauche laïque» qui joua un rôle décisif dans la lutte anticommuniste. «Sans Jacek, Solidarité n'aurait jamais vu le jour», reconnaissait, hier, Lech Walesa.

Lettre ouverte. Né à Lwow (aujourd'hui Lviv, en Ukraine), Kuron entre au PC à 19 ans. Il en est exclu avec fracas onze ans plus tard, après avoir publié, avec l'historien Karol Modzelewski, une Lettre ouverte au Parti critiquant les dérives bureaucratiques du PC. En juillet 1965, les deux signataires sont condamnés à trois ans et demi de prison. Kuron entame alors sa carrière de résistant anticommuniste, détesté par le pouvoir pour être issu du Parti et guère plus apprécié par l'Eglise pour ses opinions laïques.

A peine sorti de prison, il y retourne, accusé d'avoir fomenté les manifestations étudiantes de mars 1968. Au total, il passera neuf ans derrière les barreaux. En septembre 1976, il est l'un des fondateurs du Kor, le Comité de défense des ouvriers, au côté d'