Bagdad, envoyé spécial.
S'il passionne les médias américains, le procès de trois nouveaux GI accusés dans l'affaire des sévices infligés à des détenus de la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad, laisse les Irakiens très largement indifférents. La justice américaine ne leur inspire pas confiance. Pour au moins une bonne raison : le 19 mai, une précédente cour martiale avait condamné le soldat Jeremy Sivits, qui avait plaidé coupable, à la peine maximale d'un an de prison pour son implication dans les sévices et humiliations infligés à des prisonniers. «Depuis cette condamnation ridicule, nous nous moquons complètement des autres procès. Nous savons qu'ils ne seront pas équitables», déclare un ancien pilote de l'armée de l'air irakienne.
Système de défense. Cette fois, ce sont deux sergents, Javal Davis, 26 ans, et Ivan Frederick, 37 ans, et un caporal, Charles Graner, 35 ans, qui sont accusés d'avoir maltraité des détenus irakiens. Les auditions préliminaires, qui vont durer plusieurs jours et permettent aux prévenus de préciser leur système de défense, ont commencé hier dans la capitale irakienne. Elles sont semi-publiques, les Irakiens ne pouvant y assister et les journalistes ayant le plus grand mal à se faire accréditer.
Lors de la première audience, le colonel James Pohl, qui préside le tribunal militaire, a autorisé les avocats du sergent Davis à interroger le plus haut gradé de l'armée américaine en Irak, le général Ricardo Sanchez relevé dernièrement de ses fonctions