Il fut pendant vingt ans le tout-puissant ministre de l'Intérieur de Hassan II et le symbole des «années de plomb» au Maroc. A près de 70 ans, Driss Basri est probablement, depuis mars, le «sans-papiers» le mieux nanti il a ses habitudes et son appartement dans le XVIe arrondissement et le plus mal en cour de France. En exil, de fait, à Paris pour cause de disgrâce politique au Maroc, l'ancien homme fort de Rabat ne peut en effet quitter l'Hexagone pour cause de passeport marocain périmé et faute de titre de séjour en France. Un retour de bâton, qui fait les délices de la presse marocaine depuis deux semaines, pour celui qui priva justement de passeport des centaines d'opposants politiques du royaume.
C'est trois mois tout juste après l'intronisation de Mohammed VI, en juillet 1999, que la vie de Basri bascule : le fils et successeur de Hassan II limoge l'homme lige de son père. Pour le nouveau roi, cette décision présente un double intérêt : signifier le «changement» et la «rupture avec le passé», et se débarrasser d'un homme qu'il a toujours méprisé, supportant mal qu'il ait aussi exercé ses talents de «premier flic du Maroc» sur le prince héritier qu'il fut.
Pendant trois ans, Driss Basri va tenter, de Rabat, de se rappeler au bon souvenir de ceux qui l'ont banni, à travers quelques sorties médiatiques, s'ingéniant pour l'essentiel à montrer qu'il est indispensable. En 2003, il vient se faire soigner en France. Avec une ambition revendiquée : enseigner le droit et obten