Abidjan envoyé spécial
A l'aube, sur le boulevard qui longe la lagune Ebrié à Abidjan, d'étranges chants résonnent. Des chants guerriers entonnés par de jeunes recrues en tenue civile qui courent, la foi en Laurent Gbagbo chevillée au corps. Dans certains quartiers populaires, ces groupes d'irréguliers aiment à parader au milieu de la foule, notamment à Youpougon, fief des «jeunes patriotes». Parmi les plus redoutés : les mal nommés Groupements des patriotes pour la paix (GPP). Récemment, un Français qui visitait le Jardin botanique de Bingerville, dans les faubourgs de la capitale économique ivoirienne, est tombé nez à nez avec un groupe de 400 jeunes dépenaillés : «Ils étaient en train de manger autour de grandes tentes canadiennes et certains déclamaient des chants religieux. Après leur repas, ils se sont alignés en rangs par quatre et en colonnes par six, face à un sergent aboyeur qui leur donnait des ordres.»
Sujet sensible. A Abidjan, les témoignages se multiplient sur l'existence de ces bandes recrutées dans les rangs des ethnies fidèles au président Gbagbo depuis septembre 2002. Sujet sensible s'il en est pour les représentants de la communauté internationale, qui préfèrent généralement l'éluder. «Quelques centaines, peut-être quelques milliers d'hommes», affirme du bout des lèvres un membre des Nations unies. «Tout le monde parle de milices, mais leur réalité et leur ampleur restent à démontrer», renchérit un diplomate occidental. Du côté de la présidence ivoirienne,