Bayan Jargalan envoyé spécial
A 94 ans, Dovdondoo (1), chef de clan nomade dans le désert de Gobi, descend cul sec son verre de vodka à 10 heures du matin et, les yeux pétillants, observe le député du coin qui en fait autant. La conversation s'engage à un rythme lent : la santé du bétail, celle de la famille, l'éducation des trente descendants du vieil homme, le climat de l'hiver passé, celui de l'été qui commence. Les morceaux de mouton gras font le tour des convives, ainsi que les plats de lait caillé, les bols de lait de jument fermenté, les cornichons hongrois, les sucreries... Pas un mot de politique, alors que le député sortant, l'ancien Premier ministre Narantsatsralt, est en pleine campagne électorale pour le scrutin législatif du 27 juin en Mongolie.
Comme le chef de clan
Le vieil homme a 80 ans de communisme dans le sang, inutile de parler politique avec lui, il vaut mieux évoquer les choses de la vie, confiera plus tard Narantsatsralt, qui défend, dans cette circonscription du sud, les couleurs de l'opposition nationale, la coalition démocratique patriotique (MDC). Face à ce politicien aguerri de 47 ans, l'un des quatre seuls opposants du Parlement sortant sur 73 députés, les ex-communistes reconvertis du Parti révolutionnaire et populaire mongol (MPRP) ont aligné le gouverneur de la province de Dundgov, Adhya, un ancien apparatchik originaire, lui aussi, de cette région semi-désertique peuplée d'éleveurs nomades. Narantsatsralt sait que la famille élargie de Dovdond