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Libération

Canada: la justice s'ouvre à l'islam

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Le projet de tribunaux musulmans dans l'Ontario divise, à la veille des élections législatives de lundi.
publié le 26 juin 2004 à 1h12

Toronto envoyée spéciale

«La loi canadienne est la même pour tous, pour les immigrants chinois comme pour nous, explique Sirad, jeune Somalienne coiffée d'un foulard rouge et argenté. Alors parfois, forcément, cette loi viole les principes du Coran.» Résidente canadienne depuis 1994, cette mère de huit enfants poursuit : «Avoir notre propre système fondé sur l'islam ? Ce serait bien mieux !» Dans le sous-sol sans âme qui abrite cette association d'immigrées somaliennes, en banlieue de Toronto, après une discussion animée, toutes les femmes s'accordent : un tel système mérite d'être mis à l'essai.

Litiges civils. Le projet d'instaurer en Ontario des tribunaux d'arbitrage fondés sur la charia (corps de lois vieux de 1 400 ans tiré du Coran et des paroles du prophète) pour les citoyens musulmans suscite des polémiques sans fin. Entre l'indignation de citoyens redoutant de voir des femmes lapidées dans les villes et les protestations des musulmans qui crient à l'islamophobie, le débat s'est radicalisé. Car l'instauration de ces tribunaux à fondement religieux est une pratique légale, et courante au sein des communautés juives et chrétiennes. Depuis une loi de 1991, deux parties peuvent faire arbitrer leurs litiges d'ordre civil par un tiers, juriste ou pas, en dehors des cours, sur des principes séculaires ou religieux. La décision est définitive et contraignante. «C'est un moyen privé simple et peu coûteux de résoudre des litiges mineurs», explique Brendan Crawley, porte-parole d