Bagdad, envoyé spécial.
Après avoir couru pendant des années les instances internationales pour dénoncer la répression en Irak, Bakhtiar Amin, un Kurde de Kirkouk, longtemps délégué à Paris de l'ONG Alliance pour la justice, vient d'être nommé ministre des Droits de l'homme dans le nouveau gouvernement irakien.
Avec la situation périlleuse que connaît actuellement l'Irak, la question des droits de l'homme sous Saddam Hussein est-elle encore à l'ordre du jour ?
La population irakienne souffre toujours de la magnitude du crime. L'Irak est un pays de fosses communes. On en a dénombré 262. Songez que, en une seule journée, Qousaï, le fils cadet de Saddam Hussein, a fait exécuter 2 000 détenus pour «nettoyer» la prison d'Abou Ghraib. Chaque jour, j'entends des histoires dont je n'avais pas connaissance. J'ai suivi la situation des droits de l'homme sur cinq continents, mais ce qui s'est passé ici dépasse l'imagination. L'Irak est un musée des crimes à cause du régime le plus dictatorial et le plus sanguinaire depuis la Seconde Guerre mondiale. A travers l'ONU, l'Irak doit indemniser quelque 2 millions de personnes et 5 000 sociétés (conséquences de l'invasion du Koweït, ndlr). Pour cela, il lui faut verser 350 milliards de dollars, auxquels s'ajoutent les 120 milliards de la dette irakienne. Mais les seuls qui ne sont pas indemnisés sont les Irakiens, victimes pourtant de génocides. Le comité ad hoc créé par le gouvernement intérimaire et la coalition ne dispose que de 25 millions d