Montréal, de notre correspondante.
La peur de l'inconnu a été plus forte que le désir de changement. La colère des Canadiens envers le Parti libéral, usé par onze années de pouvoir et miné par un scandale politico-financier, ne s'est pas traduite dans les urnes de manière aussi dévastatrice pour le Premier ministre sortant, Paul Martin, que les sondages le laissaient penser. Lundi, sans enthousiasme, les électeurs ont opté pour un gouvernement libéral minoritaire (135 députés sur 308, soit 33 de moins qu'avant).
«Modeste». Grâce à la fidélité des électeurs libéraux de l'Ontario et des provinces maritimes, la vague conservatrice annoncée n'a pas déferlé. Le parti de Stephen Harper n'a fait élire que 99 députés majoritairement dans les provinces de l'Ouest. La déception est grande pour ce tout jeune parti qui se voyait déjà maître à Ottawa et qui a recueilli 8 % de suffrages de moins qu'aux dernières élections fédérales (le Parti progressiste-conservateur et l'Alliance canadienne n'avaient pas encore fusionné). Mais les conservateurs, désormais unis, ont mis fin à la position dominante des libéraux, qui ne disposent aujourd'hui que d'un «mandat modeste». «Tant que personne n'a formé de majorité, le combat n'est encore ni gagné ni perdu», a prévenu Stephen Harper.
Après avoir fait montre d'un intérêt appuyé pour les conservateurs tout au long de la campagne, les Canadiens se sont donc choisi un gouvernement centriste qui devra compter avec une formation de gauche. Le Nouveau Par