L'interdiction du port du foulard représente certes «une ingérence dans l'exercice du droit de manifester sa religion», mais cette mesure peut se justifier car elle se fonde «sur deux principes qui se renforcent et se complètent mutuellement : la laïcité et l'égalité». Ainsi a tranché, hier, la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg, en déboutant Leyla Sahin qui avait dû arrêter ses études de médecine à la suite d'une circulaire de mars 1998 du rectorat d'Istanbul, interdisant l'admission en cours d'étudiantes revêtant le foulard ou de garçons portant la barbe.
Cet arrêt, qui confirme celui rendu en 1993 par la CEDH déjà saisie sur une affaire similaire par deux étudiantes turques, était aussi très attendu en France. Certains craignaient une avalanche de recours à Strasbourg contre la loi sur l'interdiction du port de signes religieux ostensibles à l'école. Il y aura certes encore un appel mais, d'ores et déjà, cette décision conforte les partisans d'une laïcité plus clairement affirmée.
La chambre présidée par le Britannique Nicolas Bratza conclut, en effet, qu'avec une telle mesure la Turquie ne viole pas l'article 9 de la Convention européenne des droits de l'homme sur la liberté de pensée, de conscience et de religion. «La laïcité en Turquie est, entre autres, le garant des valeurs démocratiques (...) et la liberté de manifester sa religion peut être restreinte afin de préserver ces valeurs et principes», affirme le texte, soulignant que dans le contexte d'un