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Libération

La traite des Blanches sous la coupe de la mafia japonaise

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Beaucoup d'Occidentales sont recrutées pour travailler dans les bars, puis privées de passeport. L'Etat se penche enfin sur leur sort.
publié le 1er juillet 2004 à 1h17

Tokyo, de notre correspondant.

Margaret H., Canadienne, 25 ans au moment des faits, témoigne : «Je suis venue au Japon pour changer de vie. Au Canada, je n'avais pas de travail, je m'ennuyais. Au début, à Tokyo, j'ai donné des cours d'anglais. Un des étudiants, un homme d'affaires, environ 50 ans, m'a proposé un emploi dans le bar d'un de ses amis. Le patron recherchait des hôtesses gaïjin (étrangères, ndlr), occidentales. Le travail était simple. Il fallait discuter et boire avec les clients. Quand il m'a annoncé le salaire, 400 000 yens (3 070 euros), j'ai tout de suite accepté.» Margaret obtient très vite un visa d'entertainer, passe officiel pour s'enrichir (en cash) dans le monde de la nuit nippon. En échange, son nouveau patron, un jeune caïd, macho, costume noir, confisque son passeport. Les nuits (blanches) défilent... Et bientôt, les problèmes.

Dans le bar, situé à Roppongi, quartier fiévreux de Tokyo, l'air est mauvais. A tout point de vue. La fumée étouffante, les orgies d'alcool aux côtés de salarymen et d'hommes d'affaires ivres... Margaret craque. Elle est furieuse. On lui a menti. Son salaire est moindre que prévu. Arnaquée, elle veut partir. Elle réclame son passeport. «Je ne peux pas te laisser partir, lui annonce le patron. Car je t'aime beaucoup.» A l'aube, il l'empêche de regagner son domicile. Margaret est-elle alors droguée ? Elle ne se souvient guère de la suite. Elle se revoit se débattant dans la chambre d'un love hotel. Face à elle, le patron du bar e