Djakarta, envoyé spécial.
Plus grosse organisation musulmane de la planète, le Nahdlatul Ulama (NU) a toujours pesé du poids de ses 40 millions de membres sur la politique indonésienne. Mais rarement cette organisation, fondée dans l'entre-deux-guerres, prônant un islam modéré et empreint des traditions locales comme le culte des Saints, ne s'est autant engagée dans la politique politicienne que lors de la campagne pour la première présidentielle au suffrage direct du 5 juillet. Son dirigeant, Hasyim Muzadi, a pris provisoirement congé de ses fonctions pour battre la campagne aux côtés de la présidente Megawati Sukarnoputri : il est candidat à la vice-présidence. Solahuddin Wahid, vice-président du NU, figure, lui, sur le «ticket» du général Wiranto, ex-chef des forces armées et aspirant à la présidence. Un des principaux financiers de l'organisation, le richissime Jusuf Kalla, vise aussi la vice-présidence en tant que colistier d'un autre militaire converti à la politique Susilo Bambang Yudhoyono, surnommé «SBY», favori des sondages. Bref, la campagne a toutes les allures d'un ballet où tourbillonnent ecclésiastiques musulmans et généraux en retraite. La route, il est vrai, avait été ouverte par Adurrahman Wahid, dit «Gus Dur», président durant quinze ans du NU et qui avait pris la direction du pays en 1999 jusqu'à son éviction du pouvoir par le Parlement en 2001.
Fatwas redoutées. Vingt ans après s'être désengagé des joutes politiciennes pendant le régime de Suharto, le NU s