Bogota de notre correspondant
Après vingt ans de combats irréguliers, les Autodéfenses unies de Colombie (AUC) veulent se transformer en «mouvement politique de masse». C'est ce qu'a déclaré leur commandant, Salvatore Mancuso, au cours de la cérémonie qui a marqué, jeudi, le lancement formel de négociations entre le pouvoir et ces milices d'extrême droite. Près de 400 personnalités et journalistes avaient fait le déplacement à Santa Fe de Ralito, où les hymnes et les discours ont retenti dans la chaleur étouffante de la mi-journée.
La bourgade isolée du nord-ouest du pays, déclarée zone neutre, abritera le nouveau dialogue, qui doit aboutir avant 2006 à la démobilisation des 10 000 à 15 000 combattants des AUC. Cette fédération d'armées privées, nées dans les années 80 sous l'impulsion de grands propriétaires terriens, de narcos et de militaires pour résister aux extorsions des factions d'extrême gauche, contrôle aujourd'hui de vastes régions, sous le regard souvent complaisant ou complice des autorités.
Massacre. Sous l'immense tente dressée à Santa Fe de Ralito, peu d'étrangers se sont enhardis à appuyer un processus qui sent le soufre. L'Union européenne, qui n'a envoyé aucun représentant, a souhaité la «bienvenue» au processus, mais en déplorant les «violations au cessez-le-feu» des AUC. Ces dernières semaines, le groupe paramilitaire s'est en effet rendu coupable, entre autres faits, du massacre de dizaines de civils. L'enlèvement d'un ancien sénateur, libéré la veille de