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Libération

Etrange scission chez les communistes russes

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Le KPRF accuse le Kremlin d'être l'initiateur d'un mouvement dissident qui vise à l'affaiblir.
publié le 9 juillet 2004 à 1h23

Moscou de notre correspondante

«Ils ont beau planter tous les clous qu'ils veulent dans notre cercueil, nous ne mourrons pas !» Au siège du Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF), l'ambiance est comme toujours à la lutte, mais le ton est morbide. Déjà très affaibli ces dix dernières années, le KPRF est aujourd'hui la proie d'une nouvelle scission qui risque de l'achever. Son dernier congrès, samedi à Moscou, s'est tenu dans des conditions rocambolesques : faux autobus pour déposer les délégués en rase campagne, alerte à la bombe dans la salle du congrès, puis panne d'électricité obligeant le camarade Guennadi Ziouganov, leader du parti depuis 1993, à lire son discours à la lueur de sa lampe de poche. Au même moment, en un endroit tenu secret, en fait un bateau sur la Moskova, un congrès «dissident» organisé par le milliardaire rouge Guennadi Semiguine, récemment exclu du parti, élisait un chef rebelle, le gouverneur de la région d'Ivanovo, Vladimir Tikhonov.

Manoeuvres. Le spectacle de ces deux congrès était si choquant que le président russe Vladimir Poutine a invité lundi le «vrai» leader communiste Guennani Ziouganov à venir se confier à lui au Kremlin. «Poutine a demandé, tout doucement : mais qu'est-ce qui vous arrive ?», a raconté Ziouganov, assurant avoir rétorqué du tac au tac : «Vos services secrets ne vous ont-ils pas informé ?» Les communistes officiels sont convaincus que le Kremlin est l'initiateur de toutes ces manoeuvres pour affaiblir encore un peu