Madrid, de notre correspondant.
Au siège de l'archevêché de la capitale, on n'avait jamais assisté à pareil spectacle : quatre représentants du Collectif des gays et des lesbiennes de Madrid (Cogam) ont remis jeudi deux cartons contenant 1 500 demandes d'apostasie (renoncement à la foi chrétienne). Selon le Cogam, qui précise que l'initiative ne concerne pas seulement des homosexuels, jamais une requête aussi massive n'avait eu lieu auparavant. «La plupart des plaignants ne sont plus catholiques depuis longtemps. Mais nous avons voulu signifier publiquement notre opposition à une Eglise homophobe, confie Fernando Pallas, coordinateur de cette opération choc. Nous en avons assez d'entendre les autorités ecclésiastiques parler au nom de la société espagnole. Il est temps de mettre en cause leur légitimité.»
Privilèges. Selon une enquête officielle datant de 2002, 80 % des Espagnols se disent catholiques ; près de la moitié d'entre eux (46 %) ne va «presque jamais» à la messe. La Constitution de 1978 définit l'Espagne comme un «Etat non confessionnel», même si des accords signés en janvier 1979 avec le Saint-Siège confèrent à l'Eglise espagnole certains privilèges (fort financement de l'Etat, avantages fiscaux, nomination des professeurs de religion...).
Outre la reconnaissance de l'abandon de leur foi, les apostats exigent que leurs noms et prénoms soient effacés du registre des baptêmes. «Si l'Eglise ne nous donne pas satisfaction, menace Arnaldo Gancedo, président du Cogam, nou