Le Caire de notre correspondante
En annonçant la nomination d'un nouveau Premier ministre et un remaniement ministériel en profondeur, Hosni Moubarak fait le ménage : tous les caciques du régime, des septuagénaires présents depuis son arrivée au pouvoir, il y a vingt-trois ans, devraient quitter le gouvernement. Une mesure attendue depuis longtemps par l'opinion publique, exaspérée par un gouvernement qu'elle juge corrompu, inefficace et responsable de la grave crise économique que traverse le pays depuis quatre ans. Inflation affolante, taux de chômage proche de 20 %, rétablissement des bons d'alimentation : l'Egypte va mal. Pour relever le défi, Moubarak a choisi de confier les rênes du gouvernement au ministre de la Communication sortant, un libéral de 52 ans, réputé intègre. Ahmed Nazif, dont le patronyme signifie «propre» en arabe, a fait entrer avec succès l'Egypte dans l'ère Internet. Un essai que le raïs voudrait voir transformer au bénéfice de l'ensemble des problèmes socio-économiques égyptiens, tout en permettant au pays de garder un rôle majeur sur la scène proche-orientale.
Il s'agit également de doter l'Egypte d'un nouveau visage politique, à l'heure où la succession du raïs est ouvertement évoquée. Agé de 75 ans, il a été récemment victime de multiples problèmes de santé. En jouant la carte du libéralisme et de la jeunesse, Moubarak envoie un signal en faveur de son fils Gamal, à la tête du comité politique du parti au pouvoir, et considéré par beaucoup comme un