L'impasse sanglante des affrontements israélo-palestiniens s'explique-t-elle par la médiocrité des dirigeants de chaque camp ? Pas entièrement, sans doute, mais le fait est qu'Ariel Sharon n'a rien d'un de Gaulle et que Yasser Arafat n'a pas l'envergure d'un Mandela. Comme si les défis de l'Histoire pouvaient être relevés par de petits calculs politiques. A 76 ans, le Premier ministre israélien vient de donner un nouvel exemple de ce contraste entre un drame (auquel il contribue) et des jeux politiciens qui apparaîtront dérisoires. Menacé à la Knesset en raison de sa volonté d'évacuer Gaza à ses conditions (il ne contrôle plus que 59 députés sur 120), critiqué par la Cour suprême israélienne pour le tracé de deux tronçons du mur de sept cents kilomètres qu'il fait construire pour séparer Israël de la Cisjordanie et amputer cette dernière d'environ 15 % de son territoire, condamné par la Cour internationale de justice de La Haye qui a recommandé le démantèlement des parties construites à l'intérieur de la Cisjordanie de ce qu'on a baptisé par euphémisme à Jérusalem «la barrière de sécurité», Ariel Sharon n'est pas prêt à jeter l'éponge. D'où la proposition de former un gouvernement d'union nationale faite à son vieil ennemi politique (qui est aussi son ami personnel), Shimon Pérès, le chef du Parti travailliste.
La recette a un air de déjà-vu puisque Israël a vécu sous un gouvernement Sharon-Pérès de mars 2001 jusqu'à ce que, à la fin de 2002, les travaillistes reprennent leur