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Libération

Les islamistes veulent mettre l'Irak au régime sec

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publié le 16 juillet 2004 à 1h28

Bagdad, envoyée spéciale.

Isolée dans une banlieue de Bagdad, la brasserie Salaabel semble abandonnée. Un concierge fatigué guide les visiteurs à travers des couloirs vides vers le bureau de la direction. Le fauteuil est occupé par une quadragénaire à l'allure moderne, le cheveu teint, non voilée, qui, dans un anglais hésitant, explique qu'elle se bat pour la survie de son entreprise. Fabriquer de la bière est plus que politiquement incorrect dans ce pays en voie d'islamisation accélérée. Pour sauver ses 300 emplois, l'entreprise, dont la majorité du capital appartient à l'Etat, a décidé de se convertir aux boissons non alcoolisées. Butheira Hassan, la vice-directrice, n'aime pas que l'on lie sa décision à des questions religieuses. «Je suis musulmane et en vingt ans de gestion de la brasserie, je n'ai jamais bu une goutte de bière», dit-elle comme pour se disculper. Ses motifs, explique-t-elle, sont économiques.

Menaces. Dans ce paradis hors taxe qu'est devenu l'Irak, il est devenu moins cher d'importer de la bière que d'en produire. A cela s'ajoutent les problèmes de sécurité. «Nous n'avons jamais reçu de menaces directes. Mais nous avons décidé d'arrêter la production quand nous avons vu que les entrepôts et les magasins d'alcool étaient attaqués», dit-elle, évitant de montrer du doigt les islamistes.

L'usine d'Om Ali, à Karrada, un quartier du centre de Bagdad, offre la même image d'abandon. Sadia Mohammed Abdul, la directrice et actionnaire majoritaire de cette entreprise