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Libération
Interview

«Les services secrets ont été instrumentalisés»

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publié le 16 juillet 2004 à 1h28

A Washington comme à Londres, les services secrets viennent d'être mis en cause par deux rapports officiels dans l'affaire des armes de destruction massive (ADM) en Irak. Aux Etats-Unis, un rapport du Sénat accuse la CIA d'avoir exagéré la menace alors qu'au Royaume-Uni, lord Butler estime que le MI6 a commis de graves erreurs. Dans les deux cas, les responsabilités politiques sont épargnées. Les «services» sont-ils des boucs émissaires pour protéger George w. Bush et Tony Blair ? Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), livre son analyse.

Les services secrets américains et britanniques se sont-ils vraiment trompés sur la menace irakienne ?

Moins qu'on ne le croie. Avant l'été 2002, ils n'ont jamais été pris en flagrant délit d'erreur et n'ont cessé de dire aux responsables politiques qu'ils ne possédaient pas de preuves de l'existence d'ADM. Mais, à partir du moment où la Maison Blanche a décidé d'entrer en guerre contre l'Irak, la pression sur la CIA est devenue considérable car ce que disait l'agence jusqu'alors ne convenait pas à l'équipe des néoconservateurs. C'est un peu la même chose en Grande-Bretagne, avec l'équipe de spin doctors de Tony Blair.

Comment cela s'est-il passé ?

De deux manières. Il y a d'abord eu la mise en place, en dehors de la CIA, de nouveaux bureaux étroitement contrôlés, comme l'Office of Strategic Plans ou l'Office of Strategic Influence. Ils ont produit des synthèses qui allaient dans le sens voulu par le