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Libération

Les héros retrouvés de l'Allemagne

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Le soixantième anniversaire de l'attentat raté contre Hitler, longtemps ignoré, est largement célébré.
publié le 20 juillet 2004 à 1h30

Berlin, intérim.

Vu d'Allemagne, le débarquement allié en Normandie n'est plus une «invasion» mais une «libération». Et les auteurs de l'attentat manqué contre Adolf Hitler, longtemps considérés comme des «traîtres», sont désormais élevés au rang d'«hommes d'honneur»... Plus que des glissements sémantiques, une révolution culturelle. Car la frénésie qui teinte les célébrations du soixantième anniversaire de ces événements repères de la Seconde Guerre mondiale n'a d'égale que l'indifférence avec laquelle ils furent longtemps traités. «Je n'avais jamais rien entendu sur cette histoire.» Cet aveu, griffonné par un visiteur sur le livre d'or du Bendlerblock, le quartier général des conjurés devenu Mémorial de la résistance, résume ces années d'ignorance.

«Faut-il être fier des putschistes du 20 juillet 1944 ?» La question récurrente qui ouvre les innombrables rétrospectives sur le coup d'Etat avorté peut surprendre. Tous ceux qui s'opposèrent à Adolf Hitler n'étaient-ils pas des héros ? Les Allemands de 2004 ont du mal à croire que le chancelier Konrad Adenauer, père d'une nation redevenue démocratique, interdit dans les années 50 un poste de diplomate à un certain Erich Kordt, sous prétexte qu'en prenant activement part au complot contre le Führer, il avait «trahi son chef». A la même époque, plus de la moitié des citoyens d'une ville refusaient par référendum de donner à une école le nom de Claus Schenk von Stauffenberg.

Modèles. Aujourd'hui, trois cents rues allemandes honorent