Buenos Aires, de notre correspondant.
Au sud de la ville, bordant le Riachuelo, fleuve égout à ciel ouvert, s'étend le quartier de La Boca. Les chauffeurs de taxi répugnent à y emmener leurs clients après la tombée du jour car, derrière le caminito, pâté de maisons aux façades bariolées à vocation touristique, s'étend un entrelacs de ruelles aux baraques brinquebalantes et aux ateliers abandonnés. Pour se préserver des inondations, les trottoirs font parfois un mètre de haut et la nuit, l'absence d'éclairage rend la zone inquiétante. Ce quartier d'origine italienne est très populaire dans toute l'Argentine pour abriter la Bombonera (la bonbonnière), le stade de Boca Juniors, l'équipe phare du pays .
Violence. Mais la crise économique et les choix de la municipalité de Buenos Aires, qui a concentré ses investissements plutôt vers le nord de la capitale, ont fait basculer La Boca dans la pauvreté et récemment dans la violence après l'occupation et le pillage par un groupe de piqueteros (1), ces chômeurs qui n'ont rien à perdre, d'un commissariat de police. Dans le climat d'insécurité et de fronde permanente qui s'est installé dans le pays depuis le début du mois de juin, cette mise à sac a traumatisé les Argentins et provoqué la réaction du ministre de la Défense, José Pampuro, qui a évoqué «des attitudes qui transforment l'Argentine en un pays violent».
Dans la nuit du 25 au 26 juin, un militant de la FTV (Federation Tierra y Vivienda), responsable d'une cantine populaire de La