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Libération

Rééducation politique en Chine

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Le docteur Jiang qui avait dénoncé l'épidémie de Sras à Pékin a été rééduqué, libéré mais interdit de parole.
publié le 22 juillet 2004 à 1h31

Pékin, de notre correspondant.

Un médecin militaire, membre éminent du Parti communiste chinois, disparaît pendant quarante-cinq jours au cours desquels il est soumis, en secret, à des séances de rééducation politique... L'histoire ne remonte pas aux heures sombres de la Révolution culturelle, mais vient d'arriver au docteur Jiang Yanyong, un chirurgien militaire à la retraite, âgé de 72 ans, passé en moins d'un an du statut de héros à celui de déviationniste. Rentré chez lui en début de semaine, il n'a toujours pas le droit de rencontrer la presse et doit soumettre tous ses déplacements aux autorités militaires.

Héros. Le Dr Jiang s'est fait connaître l'an dernier, lors de l'épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) en Chine : c'est lui qui avait révélé à la presse étrangère l'existence de nombreux cas de contamination à Pékin, alors que le gouvernement s'évertuait à en nier l'existence dans la capitale (Libération du 10 avril 2003). L'affaire avait eu de lourdes conséquences : le ministre de la santé et le maire de Pékin avaient été limogés, et le Dr Jiang, érigé au rang de héros de la vérité contre la bureaucratie mensongère. La presse du parti s'était mise à entonner le refrain de la nécessaire transparence et jurait qu'on ne l'y reprendrait plus.

En avril, à la veille de la session parlementaire annuelle, cette transparence a trouvé ses limites quand le Dr Jiang a envoyé une lettre ouverte au Premier ministre, Wen Jiabao, demandant la révision du jugement du pCC