Santiago, correspondance.
Entre 4 et 8 millions de dollars (3,2 à 6,4 millions d'euros). C'est la somme que l'ancien dictateur Augusto Pinochet a conservée sur des comptes secrets et dépôts à la banque Riggs de Washington, selon un rapport du Sénat américain présenté la semaine dernière. Un rapport qui épluche toutes les opérations financières effectuées par le général à la retraite de 1994 à 2002, date à laquelle la banque, en difficulté avec la justice, a clôturé les comptes. Une fortune qui ne s'explique pas par le simple salaire d'un fonctionnaire. Afin de découvrir son origine, le Conseil de défense de l'Etat (CDE), représentant de l'Etat chilien face à la justice, a porté plainte mardi contre l'ancien dictateur. Selon ses calculs, si Augusto Pinochet, en tant que chef de l'armée, chef suprême de l'Etat et, plus tard, sénateur, avait rassemblé toutes ses rémunérations sans rien dépenser pour sa subsistance, «il n'aurait pas pu réunir plus de 2,5 millions de dollars».
Espoirs. Le fils cadet du général, Marco Antonio Pinochet, et sa soeur, Lucia, ont immédiatement parlé de «donations et d'économies personnelles». Mais la thèse ne convainc pas. «Les opérations effectuées pour dissimuler le nom du titulaire des fonds, opérations qui ont été réalisées à la banque Riggs, sont typiques (...) du blanchiment d'argent», a déclaré mercredi la présidente du CDE, Clara Szczaranski.
Le même jour, deux avocats des droits de l'homme, Carmen Hertz et Alfonso Insunza, ont déposé plainte con