Magas, envoyée spéciale.
Une cinquantaine d'immeubles neufs, quelques bureaux et un grand palais présidentiel avec coupoles dorées : posée au milieu des champs, au bout d'une belle route à quatre voies, c'est à peu près tout ce que compte Magas, capitale fantoche de l'Ingouchie, l'une des plus pauvres et terribles Républiques russes actuelles. Beaucoup d'Ingouches n'osent même plus s'approcher de leur capitale, gardée par plusieurs barrages d'hommes en armes, parfois masqués, et de tanks. Voisine de la Tchétchénie, la petite Ingouchie (400 000 habitants sur 3 600 km2) s'est enfoncée dans un climat de peur et de corruption généralisée, depuis que Vladimir Poutine a fait installer à sa présidence via une élection truquée, en avril 2002 Mourat Ziazikov, ex-patron local du FSB, les services secrets russes héritiers du KGB. Le 22 juin, un raid attribué à des rebelles tchétchènes et ingouches a même directement porté les combats sur son territoire, faisant une soixantaine de morts parmi les policiers et fonctionnaires.
«Tout s'achète»
«L'Ingouchie aujourd'hui, c'est une terre où tout, absolument tout, s'achète et se vend», explique Idris Abadiev, ancien député au Parlement local et petit homme d'affaires. Les rumeurs qui courent veulent qu'un poste de policier s'achète entre 2 500 et 4 000 euros, un poste de ministre 170 000 euros et un poste de directeur de banque publique 250 000 euros, investissements vite remboursés par les pots-de-vin prélevés à chaque contrôle routier, auto