Après 18 heures, c'est le désert. Les Berlinois ont fui les bureaux modernes de la Friedrichstrasse qui fut, avant-guerre, l'une des rues les plus vivantes de la capitale prussienne. Avant de tomber à Berlin-Est. Depuis la chute du Mur, la rue est à nouveau très fréquentée. Les Galeries Lafayette construites par l'architecte Jean Nouvel, «le quartier 207» de la haute couture et le showroom de Volkswagen attirent du monde. Mais plus on s'éloigne de Unter den Linden (les Champs-Elysées berlinois), plus les trottoirs se vident. Juste avant le croisement avec la Kochstrasse, deux terrains vagues sont envahis par des étals où l'on trouve des petits bouts de Mur, des casquettes de militaire russe, des Trabant (voitures est-allemandes) en plastique ou des matriochkas. Encore cinq mètres et «on passe à l'ouest». Sur le sol, l'ancien emplacement du Mur est marqué par une rangée de pavés. Une baraque en bois blanche est posée au milieu d'un terre-plein. Deux énormes photos de soldats, un Russe et un Américain (une installation signée Frank Thiel), signalent aux passants que c'est bien là : Checkpoint Charlie, le plus célèbre de tous les points de passage entre Berlin-Ouest et Berlin-Est.
Alphabet. Après la capitulation de l'Allemagne, Berlin avait été divisée en quatre zones d'occupation. A l'est, les Russes, et à l'ouest les forces alliées (France, Grande-Bretagne et Etats-Unis). Dès 1952, le régime communiste est-allemand commença à échafauder l'«opération muraille d