Séoul, envoyé spécial.
Des blocs de béton en enfilade. Des collines au loin mais ni parc ni jardins à la ronde. Des commerces sans clients. Des chiffonniers allant et venant avec leur carriole de ferrailles. Un canal à sec qu'enjambe un pont en dos d'âne bordé de ruelles désertes. C'est donc cela le paradis ? En fuyant la Corée du Nord, Lee Joo-il n'imaginait pas que la grande banlieue de Séoul, avec ses barres HLM et ses cités dortoirs, ressemblait à ce point à l'urbanisme blafard des villes nord-coréennes.
Précautions. Mais qu'importe. La démocratie se fiche de l'esthétique urbaine. A 39 ans, Lee Joo-il est un privilégié. Comme près de 5 000 Coréens du Nord depuis dix ans, il a réussi à «passer» en Corée du Sud après avoir fui Pyongsan, l'une des plus grandes villes nord-coréennes. Il est «heureux, dit-il, de vivre dans un pays démocratique. Ici, même si ce n'est pas facile, je suis libre. J'ai une identité, un état civil et un travail». Lee Joo-il tend fièrement sa carte de visite. Depuis un an, il est assistant social au sein d'un ONG qui distille de l'aide aux transfuges comme lui. «Le meilleur moyen de savoir ce qui s'y passe. Officiellement je m'appelle Lee Joo-il, ajoute-t-il, mais ce n'est pas mon vrai nom.» Pas le choix. «Nous devons prendre des précautions. On dit que des agents nord-coréens sont en Corée du Sud. Si j'étais découvert, ma famille restée au Nord serait en danger.»
Lee Joo-il a fui la Corée du Nord il y a trois ans, en traversant à pied la frontière ave