Dans le cercle très restreint des «décideurs» militaires algériens, Mohamed Lamari tenait une place à part : celle du «patron» de l'armée dans un pays où une poignée de généraux a toujours détenu la réalité du pouvoir et où le Président n'assume que formellement la fonction de chef suprême des armées.
Annoncée mardi, sans le moindre conditionnel, par le quotidien arabophone El Khabar, la démission du chef d'état-major, si elle se confirme, résonne donc comme un coup de tonnerre qui consacre l'entrée officielle du président Abdelaziz Bouteflika dans le fameux club des «décideurs». Mais elle ne constitue pas vraiment une surprise. Car l'absence spectaculaire de Mohamed Lamari, à la mi-juillet, lors de la visite officielle en Algérie de la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, laissait augurer un sérieux problème.
Message transparent. Jamais, en effet, le patron de l'armée algérienne n'avait laissé quiconque recevoir ses homologues étrangers ou discuter de la professionnalisation de l'armée et du statut particulier revendiqué par l'Algérie au sein de l'Otan. Cette éclipse fut d'autant plus remarquée qu'elle eut un pendant lourd de sens : l'omniprésence d'un proche parmi les proches d'Abdelaziz Bouteflika, le ministre de l'Intérieur Yazid Zehrouni. C'est d'ailleurs à lui qu'on doit une réponse des plus laconiques à une question sur le sort du général Mohamed Lamari : «Le chef d'état-major rentrera de ses congés le 22 juillet.» Le message était quasi transparent :