La Côte-d'Ivoire ne renouera pas avec la paix tant que les principaux protagonistes de la crise que traverse le pays depuis près de deux ans continuent d'en profiter financièrement. C'est la principale conclusion d'un récent rapport publié par le groupe d'experts indépendants, International Crisis Group (ICG). «L'impasse politique est exceptionnellement lucrative pour pratiquement tout le monde, sauf pour les citoyens ordinaires», notent les experts, qui ajoutent : «Tant que cette motivation financière (...) existe, il y a peu d'espoir que la situation change, voire même que les élections prévues en 2005 aient lieu.» Un constat pour le moins préoccupant, au moment où les signataires des accords de Marcoussis se retrouvent à Accra pour un sommet que de nombreux diplomates qualifient de «la dernière chance».
«Triangulaire». ICG a enquêté tant à Abidjan que dans le Nord contrôlé par les Forces nouvelles (ex-rebelles) depuis septembre 2002, et dans l'Ouest, la région la plus dangereuse, où se concentre l'essentiel de la production de cacao, première ressource du pays. Le constat est partout le même. A Abidjan, ICG évoque une «triangulaire» élite politique, forces de sécurité et milices en lien avec les hommes d'affaires de la filière cacao, en proie à toutes les convoitises. Au sein du premier groupe, les anciens «apparatchiks» du parti unique de feu Félix Houphouët-Boigny (le Parti démocratique de Côte-d'Ivoire, PDCI) sont en compétition avec les «nouveaux venus» du parti de